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Kisses from Losanfjord : 5 jours pour un défi vélo-ski inoubliable !

Découvrez l'aventure de Marius, Hugo et leur cameraman qui se lancent dans le Tour du Léman en vélo électrique et à ski. Plongez au coeur de l'aventure !

Une aventure imaginée par Hugo Schleicher et Marius de Mourgues.

Bercés par les récits de skieurs et leurs virages "carte postale" face à l'océan, Marius, Hugo et leur cameraman se lancent dans plusieurs ascensions pour redécouvrir leur fjord local. Le trio part en E-bike pour tenter de boucler le tour du Lac Léman en ridant les plus belles lignes plongeant sur les reflets bleus du lac.

Quelques chiffres : 330 km en E-bike, 25 kg de matos plus le vélo. 5 jours et 7825m de D+.

Kisses from Losanfjord : 5 jours pour un défi vélo-ski inoubliable !

JOUR 1 : 0 KM DEPUIS LA MAISON

Pas le temps de snoozer le réveil ce matin. Les yeux collés, nous chargeons nos montures. Chacune lestées de 25 kilos : des vêtements techniques, du matériel vidéo, du matériel photo, des barres énergétiques à profusion, pas assez d’eau, et bien sûr nos skis. A 6h30 nous enjambons rapidement nos trois vélos électriques Rockrider et filons de nuit jusqu’à la gare de St-Gervais les Bains. BIP BIP BIP, les portes du train se referment de justesse et nous voilà en route direction Genève. L’excitation du départ nous tient en haleine, pas question de dormir.

Notre peloton est composé de trois aventuriers téméraires. Hugo Schleicher, photographe professionnel d’outdoor et ingénieur diplomé de l’EPFL à ses heures perdues. Il est aussi ambassadeur @decathlon freeski et dénommé plus gros mangeur de peanut butter de l'équipe.

Ses talents de photographe vont de paire avec notre caméraman : Gaston de Mourgues qui sera aussi immergé (et pas submergé on l’espère) dans l’aventure avec son propre attelage e-bike/ski. Gaston est vidéaste à temps-partiel et étudiant ingénieur à Bruxelles, sa préparation physique à base de frites belges ferait pâlir quelques nutritionnistes mais heureusement son mental aussi fort qu’une bière belge saura convaincre les plus sceptiques. Enfin, je complète le trio. je m’appelle Marius de Mourgues et ce sont mes trois neurones mal branchés à l’origine de ce tracé. Ingénieur diplômé de l’EPFL et skieur ambassadeur pour @decathlon freeski, je m’occupe du routage pour cette aventure sur les berges du Léman.

Enfin les premiers coups de pédales ! Cette fois-ci l’aventure commence pour de bon. L’objectif du jour est de rejoindre la Dôle, sommet emblématique du Jura Suisse culminant à 1675 m. Le lac s’allonge à mesure que nous grimpons direction le canton de Vaud. Évidemment, le timing prévu est bien optimiste. Une photo de vélo par là, un plan fixe par ci, un magnifique panorama pour sortir le drone; toutes les excuses sont bonnes pour faire des images mais l’heure tourne. A cette altitude le timing est crucial selon les faces envisagées. En seulement quelques heures le risque avalanche évolue.

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Kisses from Losanfjord : 5 jours pour un défi vélo-ski inoubliable !

Les pauses s’allongent, mais nous atteignons finalement les chalets de la Dôle. Le brouillard masque la face. En attendant qu’il se dissipe, on se ravitaille quand soudain une éclaircie révèle le couloir Sud-Est. SURPRIIIIISE, pas un flocon ! Une mince langue de neige recouvre le couloir. La pente est ponctuée de quelques ilots blancs, mais rien qui puisse raviver le moral d’un freerider. Depuis le début de la saison, les conditions sont excellentes en haute montagne avec des cumuls de neige bien supérieurs aux moyennes, mais en basse altitude le constat est beaucoup plus sévère. Il n’y a littéralement pas de neige sous 1800m en face sud. La suite de l’aventure s'annonce déjà compliquée pour le ski.

Sans se décourager, nous allégeons nos sacs. Pas besoin de mettre des peaux de phoque, nous chaussons directement des baskets. L’approche est toujours plongée dans le brouillard. Après une heure de marche sous le regard interrogateur des chamois, nous apercevons l’imposante sphère blanche caractéristique de la station météo au sommet. L’ambiance est lunaire. Nous sommes seuls. Le soleil peine à percer le voile nuageux. Les rares arbres et les mottes d’herbes sont couchés à l’horizontal suite au vent glacial de la veille. “QCHHHHHH”, “C’est un petit pas pour Hugo, mais un grand pas pour Marius”, “QCHHHHHH”. Nous venons d’atterrir sur notre planète déserte à la recherche de toute forme de neige : LA DOLE.

Par chance, les nuages se dégagent et le ciel s’ouvre laissant place à un soleil généreux. Nos mollets douloureux se font vite oublier. Nous savons que  la descente ne sera pas inoubliable, mais l’atmosphère reste incroyable. Le brouillard en contrebas cache le lac, à la place, nous skierons face à une mer de nuages. Hugo et moi chaussons nos skis à l’aplomb du couloir, toujours surveillé par les troupeaux de chamois. Nous entamons la descente en slalomant entre résidus de neige d’avalanche, cailloux et mottes d’herbe. Ce n’est pas du grand ski, cependant, c'est bien ça que nous sommes venus chercher : l’aventure à deux pas de chez nous. On remplacerait bien ça par : « 50 cm de fraiche à deux pas de chez nous » mais ce serait trop beau.

La suite de l’étape jusqu’à Lausanne est moins agréable. Nous quittons les chalets de la Dôle à la tombée de la nuit. Trois heures à rouler non-stop. Bizarrement, plus personne n’est très friand de s’arrêter pour prendre des photos. L’objectif est clair : pizza à Lausanne chez Cyril, un copain qui nous héberge gentiment. C’est sans compter la dernière complication du jour : nos batteries tombent en rade à quelques kilomètres de nos lits douillets. Plus du jus dans le bonhomme, plus de jus dans les batteries. Le compteur affiche tout juste 100 km. Cette première journée risque de laisser des traces de fatigue pour la suite du trip. Les cinq kilomètres restant sans assistance nous rappellent à quel point nous avons bien fait de rajouter une batterie sur nos vélos.

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JOUR 2 : 104 KM DEPUIS LA MAISON

La selle est douloureuse ce matin. Heureusement, quelques coups de pédale et nous voilà devant le supermarché à côté du campus de l’EPFL. On connait un peu trop bien les rayons de ce supermarché. Les étudiants sont surpris de voir trois gars avec des skis harnachés sur leur vélo électrique alors que la neige est bien loin. Effectivement, l’objectif du jour n’est pas à côté : les belles pentes du Teysachaux. Nous reprenons la route avec des barres énergétiques débordant des sacoches. Hugo n’a pas eu peur du bonheur. Les vignes du Lavaux s’alignent devant nous. La vue depuis les terrasses est sublime. Ce n’est pas pour rien que ce coin est classé au patrimoine de l’UNESCO. La fameuse route de la corniche surplombe le lac et nous apercevons déjà la combe de Chaumeny en face. Ce sera notre objectif de demain, mais pour l’heure, nous longeons les allées de vignes jusqu’à Vevey.

À 11h, le Teysachaux est en vue. Culminant à 1909 m, nous avions encore un espoir que l’enneigement soit meilleur qu’à la Dole. Résultat, c’est raté ! La face est plus dégarnie que mon grand-père. Nos rêves de rider cette belle pente ouest au soleil couchant fondent à mesure que l’on s'approche de la face. On refait le plein d’énergie avec quelques lichettes de Gruyère pour se redonner un peu de courage. Pourquoi pas tenter de monter directement en VTT ? Encore une merveilleuse idée ! Le cerveau est bien débranché, nous forçons comme des mules sur les pédales pour se rapprocher tant bien que mal du sommet. Finalement les éléments s’acharnent, la neige tombe à gros flocons avec un vent à décorner les bœufs. La météo nous nargue, la nuit approche et nos batteries sont bientôt vides. Rattrapés par la réalité, nous décidons de rebrousser chemin.

Heureusement, Jacky, le gardien du chalet, est là pour nous remonter le moral avec une fondue fribourgeoise traditionnelle accompagnée d’une meringue double-crème en dessert. Un repas tout en légèreté !

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Jusqu'à là, tout se passait parfaitement comme prévu.

Surprise au réveil avec un joli manteau blanc qui recouvre les prairies encore vertes la veille. La neige arrive trop tard pour skier le Teysachaux. Peu importe, on est maintenant concentrés sur l’idée d’aller tâter la poudre du Grammont. La descente au milieu des sapins enneigés est magnifique. Le moral des troupes remonte.

Après quelques péripéties techniques, il est trop tard pour s’attaquer à l'ascension du Grammont aujourd’hui. Nous décidons d’avancer jusqu’au point de chute prévu initialement. Demain nous devrons légèrement rebrousser chemin pour gravir les pentes de ce sommet qui nous nargue depuis Montreux.

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JOUR 4 : 250 KM DEPUIS LA MAISON

Ce matin, nous repartons en marche arrière sur l’agréable section départementale d’Évian à Saint-Gingolph. Les camions rasent notre trio à 80km/h. Les frontaliers en retard nous klaxonnent. Le bonheur ! C’est bien la première fois que nous sommes contents d’attaquer la montée. Loin du trafic, nous atteignons Novel, un village reculé et à cheval sur la frontière Franco-Suisse. Encerclé par une forteresse de montagne, le thermomètre dépasse à peine 0°C.

C’est le point de transition pour commencer l'ascension à ski. Enfin l’approche « skis sur le dos » pour être exact. Pour l'instant, nos peaux sont encore au chaud dans nos sacs à dos. Nous marchons une heure sur un sentier forestier barré de troncs avant d’atteindre le pied du couloir. S’il y avait de la neige plus bas, on pourrait terminer la descente en plongeant dans le lac. L’ambiance est grandiose, de minuscules voiles blanches voguent en contrebas.

Ce sont ces pentes faces au lac que nous imaginions en rêvant de ce projet, un décor digne des fjords norvégiens. Seuls dans cette face nord qui s’assombrit, nous zigzaguons skis aux pieds pour la première fois. Les conversions s'enchaînent dans une pente soutenue. Après 2000m de dénivelé toutes disciplines confondues, nous atteignons finalement le sommet du Grammont à 2 172 mètres d'altitude.

La vue sur notre fjord local (le lac Léman) est à couper le souffle ; enfin, faudrait-il encore avoir du souffle. Nos poumons étaient déjà à l’agonie depuis longtemps et notre cameraman n’était pas loin de jeter l’éponge.

Au sommet, plus de temps à perdre. Gaston envoie son drone. À son signal, je m’élance sur l'arête principale encore éclairée par le coucher de soleil avant de plonger dans la face nord de la combe de Chaumény. Le couloir forme un entonnoir avec des sections raides sur la partie haute puis la pente s’adoucit avant de plonger à nouveau dans le lac. Un toboggan grandeur nature ! Cette sensation de dessiner sa ligne en poudreuse dans cette combe avec comme seul horizon cette surface bleue du Léman a quelque chose d’unique. Hugo me rejoint après avoir, lui aussi, tracé des virages dont il se souviendra.

Nous sourions bêtement avec le soulagement d’avoir enfin réalisé proprement une de ces lignes dont nous rêvions tant depuis des mois.

La fin de la descente est plus technique. La neige soufflée nous oblige à rester vigilant. En cas de blessure, les gardes-côtes auront eux aussi un bout de chemin à faire avant de nous atteindre ! Après une heure de marche nocturne à affronter les troncs d’arbre, nous retrouvons nos bécanes. Il reste encore un col à franchir et trois heures de vélo avant de pouvoir se jeter sur nos matelas. Notre caméraman se “jeterait bien dans le lac” lui. Un arrêt au meilleur et unique Kebab de St Gingolf s’impose. Le moral dopé à la sauce algérienne, nous remontons en selle pour
la troisième épreuve de la journée.

Les kilomètres défilent doucement alors que nos batteries se déchargent rapidement. À 23h, nous apercevons finalement les lumières de notre auberge. 5% de batterie au compteur et encore moins dans les bonhommes. Il n’en fallait pas plus pour aujourd’hui. Heureusement nos corps nous pardonneront, mais les souvenirs resteront.

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JOUR 5 : 270 KM DEPUIS LA MAISON

Réveil à 5h30. La nuit a été courte. Encore somnolant, nous chargeons nos vélos. Pit-stop à la boulangerie de Bernex avant de s’attaquer au dernier objectif du trip : la Dent
d'Oche. Sommet emblématique du Chablais qui surplombe Évian et de-facto le lac Léman. Nous atteignons notre point de transition à 1250m sans poser pieds à terre grâce à nos bolides électriques.

Les peaux ne servent pas longtemps. À peine le temps de faire une conversion que les skis sont à nouveau sur le dos.
L'éternelle approche à pied recommence. Arrivés au Chalet D’Oche, nous apercevons le couloir du Pierrier qui slalome entre les falaises tel un labyrinthe dans une forteresse. La ligne est plus qu’intimidante, mais l’excitation a désormais pris le dessus. Nous cramponnons au pied de la pente. Les chamois et les bouquetins nous observent curieux. Nous sommes à nouveau seuls dans cette ligne magnifique. Il faut dire que hormis le couloir, la face est bien verte.

En montant, la neige se révèle être moins bonne qu’espérée. Le soleil de la veille a eu raison de la poudreuse rêvée. Comme pour nous narguer, une croûte de quelques centimètres recouvre la neige fraîche. C’est une initiation à la pente raide qui s’annonce plutôt musclée pour Hugo. Gaston reste en contrebas pour filmer au drone.

On apprendra plus tard qu’il s’est même autorisé une petite sieste en plein milieu du couloir avant d’être réveillé par nos appels au talkie-walkie. L’équipe commence à être bien à bout physiquement. Une fois en haut du monstre, la vue est à la fois magnifique et vertigineuse. La première section de la ligne s’enfile entre deux colonnes et se resserre jusqu’à un ressaut rocheux qu’il faut déscalader ou sauter.

J’attaque sans être très serein. La fatigue accumulée et les conditions de neige médiocres ajoutent encore un cran de difficulté à cette descente déjà considérée comme la plus technique du voyage (4.2 E2).

Après trois virages, les muscles reprennent leurs automatismes. Le cerveau se laisse guider par les jambes qui enchaînent les virages sautés. Je déscalade le ressaut et me mets à l’abri du sluff en attendant Hugo. Une chute dans cette paroi serait probablement fatale. Hugo finit par s’élancer. Il engage son corps dans la pente, pivote sur l’aplomb de ses skis. Un virage, deux virages, trois virages. Pour une première dans du 45° cartonné, c'est du super ski de pente raide !

Une fois au même niveau, je reprends la descente jusqu’à apercevoir Gaston agitant ses bras. La talkie-walkie grésille : « J'ai crashé le drone ». La décharge d’adrénaline après avoir réalisé ces virages suspendus s’efface. C’est la douche froide.

Aucun signe de notre petit trésor qui contient toutes les images du voyage. Je descends à hauteur de Gaston, mais ne trouve rien. C’est alors qu’Hugo un peu plus haut aperçoit notre bijou perché dans la paroi. Un tour de passe-passe de notre photographe/escaladeur adoré, le drone et les images sont sauvés. Il est temps de rentrer à la maison !

On passe de seuls au sommet de cette Dent d’Oche à la départementale de Thonon qui traverse les centres commerciaux le long du lac. Le contraste est brutal. Ces derniers kilomètres nous permettent alors d’apprécier pleinement cette aventure. Un vrai challenge physique, des lignes esthétiques et le tout en minimisant notre impact. Avec un peu d’imagination et de créativité, chacun peut se créer son lot de challenges qui sublimeront son Everest (ou son Fjord) local.

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La belle équipe !